Montréal effectuera cette année un pas de plus vers des émissions moins polluantes. Dès le 1er octobre, tous les propriétaires d'appareils au bois de la ville devront se conformer à une nouvelle norme de 2,5g/h. L'Environmental Protection Agency( EPA) américaine devrait emboiter le pas en 2020, à moins d'un changement. Comment ce changement se traduira-t-il pour les consommateurs et les fabricants ? Portrait de la situation à venir.
Une norme vieille de presque trente ans
Avant l'entrée en vigueur du seuil de 4,5g/h en 2015, la norme était fixée à 7,5g/h. «Elle n'avait pas été révisée depuis le début des années 1990», indique Marc-Antoine Cantin, président chez SBI- Fabricant de poêles international et membre du comité des affaires gouvernementales de la Hearth, Patio & Barbecue Association (HPBA). En 2010-2011, l'EPA a donc décidé d'amorcer les discussions en vue de revoir ce niveau, qui était considéré comme bon à l'époque comparativement aux appareils qui ne le respectaient pas.
L'EPA a finalement tranché: le seuil sera abaissé à 2,0 g/h en deux phases, avec une transition à 4,5g/h. Montréal a quant à elle décidé d'appliquer à l'avance cette nouvelle norme en fixant son entrée en vigueur à 2018.
Une adaptation rapide avec des avantages et des inconvénients
Pour s'adapter à la demande de Montréal et proposer au moins quelques appareils qui rencontrent ce seuil aux consommateurs dès 2018, certains manufacturiers ont donc commencé à revoir rapidement leur offre de produits. «Nous devons adapter la technologie pour avoir moins d'émissions en grammes par heure de combustion. C'est faisable. C'est juste plus de tests», explique M. Cantin.
Des fabricants ont déjà mis en marché certains produits qui se détaillent entre 3000$ et 5000$. «Ça commence à être énormément d'argent pour une consommateur qui est forcé de changer son appareil», commente le président de SBI. Il pense aux propriétaires qui ont déjà dû en remplacer un en 2015 pour un plus récent à 4,5g/h qui pourrait normalement encore durer 10 ans. «Nous avons eu énormément de courriels de gens qui nous disaient qu'ils ne pouvaient pas croire qu'il n'y avait pas plus d'appareils sur le marché qui rencontraient la norme», raconte M. Cantin.
Des produits moins chers pour 2018
Il faut savoir que les manufacturiers disposent de deux options pour améliorer les performances. Ils peuvent choisir la technologie catalytique qui s'avère assez efficace pour abaisser rapidement les émissions. Cependant, les appareils reviennent plus chers aux propriétaires en raison du catalyseur. Avec le non-catalytique, le processus pour arriver à un foyer ou poêle plus propre prend plus de temps, mais les prix demeurent plus intéressants pour le consommateur.
M. Cantin ne connait pas toutes les avancées des fabricants, lui-même détenant ses propres marques. Il estime toutefois que ses concurrents et lui seront en mesure de mieux s'adapter qu'ils ne le croyaient au départ aux nouveaux règlements.
D'ailleurs, SBI sortira cette année quatre modèles de grosseur assez standard en-dessous de 2,5g/h qui se vendront à un prix inférieur à 2500$. Le premier sera disponible en avril, et le second en mai. Un autre a déjà été lancé en 2017.
L'application de la norme aux États-Unis en 2020, ou plus tard
Montréal a devancé l'application de la norme, mais qu'en est-il pour le reste des propriétaires des deux pays ? L'échéance a été établie à 2020 par l'EPA, et elle est toujours valable, mais elle sera possiblement reportée à au moins 2023 selon le président de SBI.
De par son rôle avec la HPBA, M. Cantin est appelé à s'impliquer dans des comités techniques de l'industrie aux États-Unis, auprès de l'EPA. Il est donc informé de l'évolution de la situation. Dans le contexte actuel, réussir à tout arrimer à temps semble de plus en plus improbable pour tous. «L'EPA manque de personnel. Ils ne fournissent pas à la demande. Ils sont en train de se rendre compte que 2020 arrive pas mal trop vite, autant pour eux, en lien avec comment ils sont capables de gérer le flot de nouvelles certifications, qu'avec ce que les manufacturiers doivent accomplir pour mettre à jour leurs modèles», explique-t-il. Il s'agit de l'une des raisons, mais d'autres facteurs entrent en jeu.
Bon à savoir pour les résidents de Dorval au Québec
Montréal n'a pas été la seule à précéder les Américains relativement à la norme de 2,5g/h. Les Dorvalois les imiteront dès le 1er décembre 2018.